Rédigé par Oanèse et publié depuis
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Jeudi soir dernier je prends le métro avec une amie et nous rencontrons par hasard un ami à elle qu’elle n’a pas vu depuis longtemps. Après les salutations d’usage nous en venons à « tu fais quoi maintenant ? » en bons anciens de grandes écoles de commerce. L’ami en question travaille dans une grande banque française. Et comment cela se passe-t-il ? « super, on a une convention collective de fous ! 16 semaines de vacances ! » répond-il avec le sourire jusqu’aux oreilles.
Là, je me sens défaillir. Je ne peux m’empêcher de lancer « c’est pas possible ! Mais c’est ça la France ? » et pour moi-même : « il faut que je parte ».
Après la folie des grandeurs des années 80 puis de la bulle Internet, l’éclatement de cette dernière et les 35h, voici ce qu’il reste de l’avenir de la France. Des jeunes de 28 ans qui choisissent leur travail en fonction de la convention collective.
Juste revanche sur le Grand Capital qui enrichit les plus riches et écrase le reste ? On a pu lire dans des journaux que les jeunes avaient parfois vu leurs parents virés du jour au lendemain après des années de bons et loyaux services, c’est pourquoi ils auraient décidé que pour ne jamais vivre la même chose il fallait trouver « la bonne planque » le plus tôt possible et en profiter au maximum en travaillant un minimum.
Quand les 35h ont été votées, j’étais très contente comme beaucoup de mes amis. J’étais étudiante et je trouvais normal que le travail occupe une part de plus en plus réduite de notre temps (comme ça je pouvais continuer à faire la fête). Je pensais que la France était pionnière, qu’on vivait une sorte de nouvelle révolution industrielle. En réalité nous rendions les armes dans la bataille économique et commencions notre recul sur la scène internationale.
Nous avons oublié la valeur du travail. Les 35h, la fiscalité défavorable, le manque d’aide à la création d’entreprise constituent autant de raisons de rêver d’être fonctionnaire.
Du côté des entreprises, ces mêmes contraintes freinent le développement: un salarié en France coûte cher, un site de production aussi. Ajoutez ceci à la pression fiscale et tout encourage à investir à l’étranger.
L’exode des cerveaux continue, les délocalisations s’accélèrent, on remplit les universités et les écoles d’aspirants fonctionnaires futurs chômeurs.