18 Septembre 2019
J'ai suivi un régime strictement vegan pendant 7 jours. Adieu œufs (achetés par 12 l'avant-veille...), fromage et jambon. Je ne me suis pas imposé ce régime pour sauver la planète (en une semaine!), mais par curiosité. Mon beau-frère est vegan depuis plus d'un an maintenant, il est à ma connaissance en excellente santé et j'ai même eu la chance de profiter de ses talents culinaires acquis pour la cause. Depuis toujours et par goût, mon alimentation est largement constituée de légumes et fruits (le fameux régime "plant-based"), bien que je ne rechigne pas devant une bonne viande ou poisson, ni devant un plateau de fromage. Et c'est justement avec les produits laitiers que cette semaine a été compliquée.
Voici un condensé de ce qu'il s'est passé et des enseignements que j'en ai tirés.
Tous les matins je prépare et prends le petit-déjeuner avec les enfants, un chocolat au lait pour y tremper des tartines de pain beurré (+/- fruits). De plus en plus souvent je prépare aussi du thé car ma fille boude son chocolat chaud et j'ai remarqué que je digère moins bien le lait, c'est donc ce que j'ai fait pendant ma semaine vegan. Quant aux tartines, je salivais les premiers matins en beurrant celles des enfants mais heureusement j'avais une confiture de reines Claude préparée cet été pour tartiner les miennes. J'ai tenté le muesli avec yaourt de soja au lieu du kéfir: trop mauvais.
Première observation: je compense le gras par le sucre (même si je mets peu de sucre dans mes confitures maison)
Deuxième observation: je gaspille plus: impossible de finir les tartines beurrées des enfants, elles finissent à la poubelle :(
Souvent seule le midi, je déjeune rapidement et légèrement: les restes (s'ils sont vegan donc), de la salade, des légumes crus, du pain aspergé d'huile d'olive ♥... Mais plus d’œuf au plat ou morceau de fromage. J'ai compensé par les légumes et les fruits -début septembre on trouve encore quelques fruits d'été à Londres-, et un demi carré de chocolat, moi qui d'ordinaire n'aime pas ça.
Troisième observation: la privation m'a donné envie d'aliments que je n'aime pas trop habituellement.
Le soir, nous consommons très peu de protéines animales, un héritage du régime alimentaire recommandé aux jeunes enfants. Cependant je propose de temps en temps du saumon pour compléter les apports trop faibles de la cantine en oméga 3, du jambon de parme pour la gourmandise (une des rares charcuteries strictement sans nitrites, conformément à l'AOC), ou des œufs, sous forme tortilla de patata par exemple. Je varie les féculents et les accompagne systématiquement de légumes crus et/ou cuits. Je sers également un produit laitier: yaourt ou fromage. Si je ne raffole pas des yaourts, le fromage en revanche... J'ai servi le Schlossberger aux enfants avec beaucoup, beaucoup de frustration. De même que le cinquième jour j'avais presque envie de pleurer en préparant les cacio e pepe d'Aliénor. ;(
A aucun moment je n'ai eu de faim impérieuse car je me servais à volonté de ce que je pouvais manger, mais je mangeais plus par frustration et/ou peur d'avoir faim...
Troisième observation: je ne gère pas bien la frustration alimentaire et le "manque".
A tous les repas j'ai consommé plus de pain, un de mes aliments plaisir, utilisé comme compensation voire consolation.
Quatrième observation: je tolère parfaitement bien le gluten à très haute dose! (ouf!)
Après l'échec gustatif du yaourt de soja, je n'ai pas cherché de substituts à mes aliments habituels. J'ai testé le carrot cake vegan mais là encore ni l'aspect, ni la texture, ni le goût n'étaient réussis: c'était dégueulasse disons-le (direction poubelle...).
J'ai dîné une fois à l’extérieur, chez Wahaca, une chaîne de restaurants mexicains que les enfants adorent (il y a un baby foot dans chaque resto) et que j'aime bien aussi car le menu propose plein de bons plats à base de légumes frais. C'était une bonne pioche car ils ont aussi un menu vegan et je me suis régalée. Aucun problème non plus pour me faire livrer une pizza vegan de Zia Lucia.
Cinquième observation: la cuisine vegan est de plus en plus répandue, et c'est bon au restaurant (ou quand on y passe beaucoup de temps).
Une semaine c'est court pour identifier les conséquences physiologiques propres à l'alimentation vegan. Les 2 premiers jours j'ai eu mal à la tête, mon énergie est restée la même. Niveau transit, peut-être un léger effet laxatif du à la richesse en fibres? Forcément, la plus grande consommation de légumes et la moindre consommation de protéines améliorent la digestion (même si comme moi on arrose d'huile d'olive).
Sixième observation: plus de sensation de lourdeur après certains repas.
Pas de révélation, mais cette semaine vegan a confirmé plusieurs choses. Je me passe très facilement de viande et poisson, en revanche, difficile de me priver des produits laitiers (le fromage ♥)... J'adore manger mais pas cuisiner (la fameuse cuisine de tous les jours, quel ennui), et malgré toutes mes connaissances en nutrition, devenir vegan nécessite un véritable effort pour s'assurer que les besoins en micronutriments (vitamines, minéraux et oligoéléments) sont couverts. Niveau macronutriments (protéines/lipides/glucides) je pense qu'on trouve l'équilibre naturellement si on a l'habitude d'une alimentation saine et d'écouter son corps, bien que sur le long terme il est primordial de vérifier la qualité des protéines et lipides ingérés (composition en acides aminés et acides gras respectivement).
Vous l'avez compris, pas question pour moi de devenir vegan à temps plein: j'ai déjà repris mes habitudes alimentaires et me suis jetée sur le fromage. J'applaudis les vegans qui suivent ce régime pour soutenir les causes animale et environnementale ; en effet vu la discipline et les efforts exigés, j'imagine mal comment persévérer pour de fausses ou mauvaises raisons (allergies ou intolérances alimentaires imaginaires, recherche du corps parfait etc) à moins d’être malade (orthorexie). Me priver de tout aliment d'origine animale est un sacrifice que je ne souhaite pas faire: cela me coupe trop du plaisir de manger (tout le monde ne l'a pas), s'avère contre-productif (j'ai jeté de la nourriture tout à fait "comestible" plusieurs fois) et source de stress inutile car cela signifie cuisiner plus et différemment ce qui me prend déjà assez la tête avec deux enfants.
A mon échelle, je consomme des aliments quasi exclusivement bio et de saison, et dans la mesure du possible locaux - ce qui a malheureusement des limites quand on habite en Angleterre. A ce jour, la recherche ne montre pourtant pas de supériorité nutritionnelle des aliments bio par rapports aux aliments conventionnels, malgré tout je soutiens l'agriculture biologique pour montrer mon désaccord avec l'agriculture intensive, tout en exerçant mon esprit critique, car bio ne signifie pas éthique. Dans ce cas précis j'ai la chance de trouver des tomates de l’Île de Wight, non bio mais sans pesticides, à mon farmers' market ♥.
Nous consommons peu de viande et poisson, et je suis très pointilleuse sur leur qualité: espèce, mode d'élevage, provenance, ce qui est une préoccupation de "riche". Reste le sujet épineux des produits laitiers... J'ai commencé à réduire ma consommation de lait il y a quelques mois car je le digère moins bien - sans doute est-ce lié à la vieillesse- et je vais continuer ainsi. Habitant à Londres, notre consommation de fromage est plus modérée qu'avant, mais je pense la réduire encore un peu en arrêtant d'acheter du cheddar (même bio) que les enfants râpent sur les pâtes.
Dans les prochains jours je suis curieuse de voir si la reprise de l'alimentation flexitarienne s'accompagne d'effets secondaires...