C'était hier ou jamais pour assister à la Traviata de Marthaler. Evidemment je n'étais pas la seule à avoir pensé çà et bien que je sois arrivée avec 2 heures d'avance je n'ai pu acheter qu'une place à 7€, "sans visibilité"... On "verra" bien ce que ça donne. Je me dirige donc vers la salle quand je l'aperçois: mon héros. Enfin, Jacques Attali. Il m'a vue lui aussi et a du trouver bizarre cette fille qui le regardait en souriant. En vérité je trouvais la situation très drôle et j'étais au bord du fou rire. Premier acte (35 minutes): je suis assise bien sage dans ma loge d'où la visibilité sur la scène est en effet limitée (1 tiers en se penchant) mais sur l'orchestre, parfaite .C'est comme ça que je repère une place au deuxième rang qui sera ma cible dès le premier entracte. En attendant je profite de la musique et élabore une deuxième stratégie: parler à Jacques Attali. A l'entracte je file m'installer à côté de la gentille grand-mère en tenue d'apparat à qui je fais la conversation et qui en est très contente. Maintenant je suis tellement près de la scène et de l'orchestre que je peux voir les gouttes de sueur perler sur le front de l'excellent chef d'orchestre et les musiciens se faire des blagues. La vue d'ici est parfaite, je dois lever la tête pour lire les surtitres, mais qu'importe je connais assez bien cet opéra pour m'en passer. C'est magnifique, la mise en scène est délirante (elle sera d'ailleurs un peu huée) mais c'est du Marthaler et moi j'adore. Il prouve au passage que l'émotion se passe de décorum. C'est magnifique, c'est émouvant… Deuxième entracte ou à la recherche de Jacques Attali. J'ai couru dans les galeries du Palais Ganier pour finalement le croiser au retour de l'entracte. Là j'ai respiré un bon coup et lui ai dit à 300 à l'heure que j'avais été subjuguée par ce qu'il avait dit dans Ripostes, que je voulais que les choses changent en France mais que je ne savais pas comment faire etc. Tout ça rouge comme une pivoine. Bref, j'ai été suffisamment convaincante pour qu'il me donne sa carte de visite! VICTOIRE! Troisième et dernier acte de la Traviata, je pense à ma future carrière politique pendant que Violetta agonise...
Propose lui une loi sur l'équité sociale, qui empêcherait les salariés du public qui sont mieux traités que leurs homologues du privé de faire grève (et vice versa).Bisous,