Rédigé par Moi et publié depuis
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Ayant vécu 3 ans en Italie j'ai pu vérifier que nous bénéficions d'un modèle social très avantageux: accès rapide aux services de santé et prise en charge complète (ou presque) des dépenses, salaire minimum élevé, aides sociales et allocations diverses, transport en commun performants sans parler du TGV etc. L'année dernière un ami italien qui venait de devenir père me demandait d'ailleurs comment il pourrait venir s'installer en France où tant d'aides amélioreraient son quotidien. Bien sûr j'ai répondu qu'aides ou pas il était sans aucun doute très heureux en Italie et il a acquiéscé.
Pourquoi les français ne sont-il pas conscients de ces privilèges et pourquoi risquent-ils de les perdre?
Le français "moyen" (bien que je n'aime pas cette expression) n'a pas ou a perdu le sens du bien commun, au sens matériel comme au figuré.
Matériel d'abord. Combien de vélib vandalisés depuis leur mise en service: phares cassés pour voler l'ampoule, paniers tordus, roues crevées… Combien de trains et métros taggés, aux vitres cassées et fauteuils lacérés…. Une étude récemment publiée dans l'Express montrait en outre que les français ne sont pas très honnêtes: contrairement aux pays du Nord où un portefeuille perdu aura 90% de chance de retrouver son propriétaire, seul 1 sur trois sera rapporté en France…
Voilà pourquoi le modèle social tel qu'il existe dans les pays scandinaves ne peut être appliqué en France et pourquoi le nôtre part à la dérive.
L'Etat social n'est envisageable que si chacun voit au-delà de son petit monde et prend conscience qu'un effort individuel entraînera un bien (au sens figuré) pour le groupe, pour la communauté. C'est le cas de l'euro non remboursable sur les consultations médicales par exemple. Le français tire la couverture à lui, et ce qui lui pend au nez c'est une vraie crise. Il est pourtant simple de faire des efforts: ne pas aller chez le médecin pour un banal mal de tête, prescrire des génériques et seulement si nécessaire, refuser le travail au noir, déclarer tous ses revenus (je pense aux intermittents par exemple…). Comme pour l'écologie, chacun doit agir à son échelle.
Les privilèges corporatistes et rétrogrades sont indéfendables, les syndicats ne l'ont pas compris. Hier j'écoutais l'interview d'un cheminot de 35 ans, il touche 2000€ nets par mois après 15 ans et justifie ses privilèges par les contraintes de son métier: horaires, travail le week end. Mais quel ouvrier gagne 2000€ en fin de carrière? Ce dernier a-t-il la possibilité de refuser de travailler le week end si la production l'exige? Peut-il négocier ses tours?
Plus scandaleux encore est la différence de traitement entre les salariés des entreprises genre SNCF, GDF et leurs sous-traitants. Je l'ai vu chez Airbus, entreprise privée pourtant: les sous-traitants font plus d'heures pour une différence salariale nulle quand on inclut les avantages des salariés Airbus, et leur statut est précaire: combien de temps durera leur mission? Et après? Cet été un consultant qui travaille chez GDF faisait le même constat: il est payé pour faire le travail que les salariés bien protégés et privilégiés de GDF n'ont "pas le temps" de faire. De même j'aimerais bien avoir l'avis de l'un de ces hommes de ménage que la SNCF sous-traite: est-il solidaire avec les cheminots? Je parie que non.
Les syndicats français assurent que leurs revendications concernent tout le monde, qu'ils se battent pour tous les français. Mais pourquoi n'ont-ils pas réussi à empêcher l'augmentation de la durée de côtisation dans le privé? Pourquoi ont-ils si peu d'adhérents contrairement à leurs homologues nordiques?
Illégitimité des syndicats, corporatisme, refus de la négociation et absence de réalisme sur l'état des finances du pays, voilà ce qui causera la ruine de notre système social.