Gourmandises et billets d'humeur, à Londres ou ailleurs
31 Mars 2008
Pour la première fois j'étais parmi les derniers à entrer à la Bastille. Après une excellente journée (déjeuner à la Cave de l'Os à Moëlle avec Aude et Chrisos, thé à l'Artisan de Saveurs avec Claire), j'avais du courir (ou plutôt pédaler comme une malade) pour être à 20h à l'Opéra où je devais assister à Wozzeck, de Berg. Par chance j'ai même croisé Ayrton à l'entrée, en retard lui aussi.
Je ne savais rien de l'opéra que j'allais voir, si ce n'est qu'il était contemporain. Pas le temps de lire l'introduction sur internet, c'est pas très sérieux, surtout que je ne connais pas Alban Berg...
Wozzeck fut donc créé en 1925 ; Berg s'est inspiré de la pièce - inachevée - de Georg Büchner, contemporain de Wagner et Verdi. Avec Wozzeck, Büchner (qui était révolutionnaire) écrit la première pièce de théâtre où le héros appartient au milieu ouvrier, populaire.
Tout comme la première moitié du siècle dernier marque une rupture dans l'histoire de l'Art, Wozzeck prend aussi une place particulière dans l'histoire de l'opéra. L'œuvre de Berg est difficile d'accès, déconcertante: parfois assourdissante et tonitruante, montant dans les aigus, puis enfin mélodieuse avant de redevenir chaotique. Les voix aussi semblent sur le point de déraper comme le personnage principal, en proie à la folie.
La mise en scène de Marthaler (décidément cet homme est très fort!) souligne les tourments du héros dont le comportement obsessionnel causera la perte.
L'opéra se referme sur des chœurs d'enfants, qui ont suscité chez moi tristesse et optimisme. Tristesse de voir l'enfant orphelin de mère nier la mort de celle-ci, optimisme car la folie des adultes laisse place à l'innoncence des enfants... Du moins je l'imagine...
Je complète mon article suite au commentaire d'Ayrton.
Cet opéra m'a fait penser à la guerre (1939-45 surtout), à la violence bestiale des hommes, à l'absurdité de la condition humaine, à la révolution industrielle... au point que j'imaginais l'oeuvre (et la pièce) plus tardive.
Wozzeck pense trop, lui disent son médecin (qui le prend comme cobaye!) et le capitaine. Or la pensée c'est ce qui caractérise l'homme... Ici la pensée, mêlée à la folie, conduit Wozzeck à tuer.
Bref, beaucoup de thèmes abordés plus ou moins explicitement (y compris la religion, quand Marie cite la Bible), mais une oeuvre complexe qui demande des clefs pour être pleinement appréciée. Ce que je n'avais pas...