28 Juillet 2009
L’âge (de raison) aidant, je me rends compte de la chance que j’ai eue de grandir dans une famille où l’on joue aux jeux de société. Parmi mes souvenirs d’enfance, le Scrabble occupe en effet une place importante : c’était le divertissement parental des dimanches maussades.
Nous les enfants trouvions cela rébarbatif, et quand j’ai atteint l’âge d’y jouer c’est non sans agacement que je perdais immanquablement contre mes parents. J’ai aussi le souvenir de longues parties à l'ombre dans le jardin en Bretagne avec ma grand-mère paternelle, fan inconditionnelle.
Outre le Scrabble nous jouions également à des jeux moins « intellectuels » : Monopoly, Bonne-Paye, Cluedo grâce auquel je m’identifiais à mon héros de l’époque, Hercule Poirot. J’avais une dizaine d’années et dévorais les romans d’Agatha Christie. Chez mes grands-parents bordelais, les Petits Chevaux et le Nain Jaune remplissaient les après-midis, les succulentes tartes aux fruits apportées par ma grand-mère constituaient le seul moyen de distraire notre attention et c’est à contrecœur que nous libérions la table pour le dîner. C’est aussi avec mon grand-père que j’ai enchainé les parties de Backgammon ; grâce à lui je me défends plutôt bien aujourd’hui ! Mon grand-père est d’ailleurs un très grand amateur de jeu et blagues, un grand enfant en somme.
J’ai eu une courte période jeu d’échecs, suivie d'une plus longue jeu de dames puis dames chinoises. Avec le temps et le besoin de se renouveler un peu, mes parents ont troqué leur Scrabble contre un Jarnac offert par ma tante. Peu connu mais qui devrait bientôt revenir en boutique, ce jeu de lettres est mon préféré car il implique un duel avec l’adversaire. J’y ai énormément joué contre mon père, et très peu gagné…
Finalement rares sont les périodes où j’ai peu joué, l’avantage d’avoir des sœurs et un frère plus jeunes c’est qu’on prolonge les jeux d’enfants en même temps que l’on commence les jeux d’adultes. Le tarot a longtemps fait partie pour moi de ceux-ci: pendant les vacances en Bretagne, quand nous étions petits, après le dîner, nous entendions de nos lits les adultes s’affronter lors d’interminables parties. Le lendemain matin nous félicitions le vainqueur et écarquillions les yeux à l’annonce des scores abyssaux des perdants.
Aujourd'hui cette habitude joueuse persiste, et lorsque l'on est trop nombreux pour des tarots, ce sont des batailles entre Loups Garous et villageois qui occupent les soirées familiales.