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Presque Moi

Gourmandises et billets d'humeur, à Londres ou ailleurs

Tais toi, tu n'es qu'un amateur!

Critiques professionnels vs critiques amateurs
Ces derniers temps des débats ont éclaté
ça et , opposant les critiques gastronomiques professionnels (payés pour ça) aux amateurs. Les premiers accusent les seconds d'émettre des jugements trop sévères voire infondés allant jusqu'à leur prêter le pouvoir de faire ou défaire la réputation d'un chef et/ou d'un établissement. Pour contrecarrer les arguments des amateurs, les critiques pros invoquent alors leur méconnaissance du véritable monde de la gastronomie, du métier de cuisinier, voire la volonté de nuire. Les amateurs répliquent que leur statut de client (eux paient l'addition...) les tient à l'écart du copinage chefs-critiques pros qui conduit souvent ces derniers à modérer leur jugement pour continuer à bénéficier de régimes de faveur.

Jusqu'à présent je n'ai participé à ces débats que de loin, après tout moi je ne revendique pas l'appellation critique gastronomique. J'ai cependant été choquée de lire et relire sous la plume de personnes que j'estimais que, "quand on n'y connait rien, on n'a pas le droit de juger". D'abord, qui dit qu'on n'y connait rien? Tous les critiques pros n'ont pas fait l'école hôtelière, que je sache. A force de fréquenter les bonnes tables on se forme le palais, on affine ses goûts et on devient plus exigeant, pour le bonheur des uns et le malheur des autres.

La critique gastronomique victime des tabous?
On peut dire et écrire qu'on n'a pas aimé un film, un livre, mais pas un restaurant? A l'image des critiques pros, la plupart des amateurs, parfois pour éviter la polémique mais pas toujours, n'évoquent que les adresses qui leur ont plues, quitte à établir des classements, de "super" à "moyen" par exemple, sans jamais tomber dans le "fuyez!". D'autres, ils sont rares, n'hésitent pas à écrire qu'ils n'ont pas aimé un endroit (en expliquant pourquoi), certains n'y allant pas avec le dos de la cuiller. Ce sont eux qui s'attirent les foudres des critiques pros.
Ces mêmes professionnels se permettent pourtant de dénigrer ou encenser publiquement des restaurants où ils n'ont jamais mis les pieds! Ainsi dans le petit monde de la gastronomie, certains chefs sont l'objet de polémique (c'est le cas
d'Alain Passard), quand d'autres semblent intouchables (les Gauthier?)...

Rafraîchir la critique gastronomique et promouvoir les vrais savoirs-faire
A ces dérives s'ajoute le fait que les blogs d'amateurs rencontrent de plus en plus de succès, conséquence prévisible de leur transparence et objectivité, suscitant évidemment des jalousies. En conséquence, certains professionnels tentent de faire passer leurs sites pour des sites personnels, ce qui a fonctionné un temps, induisant en erreur les internautes. 
Je ne reviens pas sur la réputation de célèbres guides, écornée par de sombres histoires d'ententes et d'échanges de bons procédés. Le ménage a commencé, fort heureusement.


Guerre des clans, copinage, opacité, le monde de la gastronomie vieillit, la collusion entre chefs et critiques ennuie. Bousculée par des chefs jeunes et talentueux, la nouvelle haute cuisine française saura-t-elle s'émanciper de la tutelle de la vieille école?
 
        

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V
Le drapeau noir flotte sur la marmite ! <br /> Vive l'anarchie.
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A
Ce débat "amateurs vs. professionnels" m'a fait penser, et c'est de circonstance, au référendum. Bref, à la démocratie. Cette semaine, les Irlandais se sont exprimé sur la constitution européenne. Pourtant, qui a lu le texte ? Qui l'a compris ? Petite réflexion en l'air : si seuls les professionnels de la gastronomie ont le droit de donner leur avis sur tel restaurant, cela signifie-t-il que seuls les experts ont le droit de donner leur avis sur un sujet qu'ils maîtrisent ? Cela signifie-t-il que seuls les experts en droit constitionnel  peuvent s'exprimer sur un nouveau traité ?Bref : si seuls les experts et professionnels d'un domaine sont habiletés à donner leur avis, n'est-ce pas la fin de la démocratie ?Petite réflexion, comme ça, en passant, qui m'est venue sur mon vélo hier après-midi...
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B
Et oui dans ce domaine là aussi il existe un vieux lobbying....
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P
de toute façon, chacun a bien le droit de donner son avis !
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M
"J'ai cependant été choquée de lire et relire sous la plume de personnes que j'estimais que, "quand on n'y connait rien, on n'a pas le droit de juger". D'abord, qui dit qu'on n'y connait rien? Tous les critiques pros n'ont pas fait l'école hôtelière, que je sache. A force de fréquenter les bonnes tables on se forme le palais, on affine ses goûts et on devient plus exigeant, pour le bonheur des uns et le malheur des autres. On peut dire et écrire qu'on n'a pas aimé un film, un livre, mais pas un restaurant?"Exact. Je réagis un peu a ça ici http://laviedemix.over-blog.com/article-19711476.htmlEn fait, comme pour les bouquins ou le cinéma, on peut émettre un avis qu'on y connaisse quelque chose ou rien. Quand on n'y connait rien (ou pas grand chose), c'est la que l'avis est le plus spontané a mon avis: on aime ou pas et on se pose pas de questions.Quand on est un spécialiste, ce premier jugement est toujours pondéré par des questions de fond (style, courant artistique, historique...). C'est effectivement plus intéressant pour le lecteur, d'un point de vue culturel, mais l'avis a-t-il pour autant plus de valeur, ou, au contraire, est-il quelque peu dénaturé par toutes ces considérations? L'important, dans l'art, n'est-il pas ce qu'íl fait ressentir de façon brut, la premiere impression en quelque sorte?Ce qui est bete, c'est qu'une fois qu'on y connait quelque chose, on ne peut plus revenir en arriere et retrouver les émois "naturels" du début...
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M
<br /> Je pense qu'avec la connaissance et l'expérience le jugement change, il s'affine. Mais en matière de palais et de plaisir, chacun peut et doit avoir son avis!<br /> <br /> <br />