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Presque Moi

Gourmandises et billets d'humeur, à Londres ou ailleurs

Conversations alimentaires

Je déjeune régulièrement seule, l'occasion de lire (un livre, Marie Claire…) ou d'espionner les conversations de mes voisins de table (un vieux réflexe de quand j'étais agent secret). 
A l'heure du déjeuner trois types de conversations prédominent entre collègues: l'amour-haine de megacorp ou smallbiz, les ragots, l'autovalorisation. 

Le moins intéressant finalement, c'est la liste des défauts et qualités de son entreprise et ses collègues car on retrouve les mêmes partout (je suis bien placée pour le savoir avec 5 entreprises du CAC40 à mon actif): le boss est au choix un bourreau de travail ou un feignant, toujours trop payé, les RH ne servent à rien, les commerciaux s'en mettent plein les poches, on n'est jamais au courant de rien, "y'a que moi qui bosse" etc. 

Les ragots peuvent être très marrants: "Quoi? Tu savais pas que Martine couche avec JP depuis le séminaire à Cannes?" ou bien "on sait comment il l'a eue sa promo: c'est le petit neveu de Duchemolle, le cousin de big boss!" voire "on va racheter minibiz, c'est sûr, j'ai vu un document à l'imprimante". En filigrane les jalousies (avoir raté la promo), les espoirs (devenir boss de minibiz) et toujours du suspense. 

Mais le plus drôle ce sont les collègues qui se font mousser: "j'ai récupéré le dossier Latuile, big boss me fait confiance, dans 6 mois je deviens miniboss". Dreams are my reality....

Ce midi j'étais assise à côté de 2 avocats dont l'un avait un égo aussi gros que l'A380 et des velléités de changement: "j'ai fait un tableau excel, je vise 4 cabinets. Chez L.A. Nark c'est 72k€ en corporate, 58 en contentieux, pas assez. Chez Press&Zitron ce sont des gros malades, mais si tu restes après 19h et que tu fais du perso ça passe bien. Chez Mage&Stey Associés c'est le roi et sa cour, pas d'évolution possible" etc. 
Ensuite il a évoqué sa passion, la pêche: "tu vois, c'est comme le poker, sauf que moi c'est la pêche". J'espère que ses plaidories sont mieux argumentées. Il a enchaîné sur le piano et ses conquêtes: "t'imagines même pas le nombre de filles que j'ai tombées grâce au piano" puis il a raconté une rencontre conclue dans un grand hôtel où il avait joué sur un "immense piano à queue blanc installé dehors à coté d'un bassin où y'avait des poissons rouges, tu vois le genre" (oui: kitsch et vu ta tête et ta conversation il fallait en effet un sacré décor pour conclure). 
Son collègue en a profité pour lui soutirer un compliment: "mais si tu me connaissais pas, tu aurais mis un extrait de piano sur mon site web? Tu trouves ça bien?" ce à quoi le premier a répondu "clair, bien sûr que je l'aurais fait". 

Complimentaires.
             

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P
Bien trouvé les surnoms des cabinets d'avocats, mais je veux bien les vrais noms, parce que 72 k€ en corporate c'est un peu ridicule. Il ne faut pas oublier que ce sont des rétrocessions d'honoraires, il faut enlever au moins 20 % pour tomber sur un équivalent salaire brute.
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