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Presque Moi

Gourmandises et billets d'humeur, à Londres ou ailleurs

Orphée à l'Opéra Royal de Stockholm

Chance incroyable: samedi soir à l'Opéra Royal a lieu la première de l'Orphée de Glück (en version française, ma préférée!) avec Anne-Sofie von Otter dans le rôle principal! Au prix de quelques sueurs froides j'ai pu avoir deux places au parterre, pile en face de la scène, pour la modique somme de 65€ par billet. On est loin des 120€ que coûte une place de la même catégorie à Bastille ou Garnier. 

Le spectacle commence à 19h30 et lorsque nous déposons nos manteaux au vestiaire nous voyons une dame très chic enlever ses grosses chaussures pour enfiler des escarpins! Ma mère me raconte qu'en plein hiver, dans les restaurants, salles de spectacles etc, les suédois transportent leurs chaussures fines et se changent au dernier moment en laissant au vestiaires leurs gants, bonnets, écharpes et godillots soigneusement rangés dans de grands sacs. 

Nous rejoignons nos places tandis que l'orchestre s'échauffe. Les musiciens sont habillés en costume-cravatte et portent des chapeaux melon noirs. Bizarre! La fosse d'orchestre se trouve au niveau du parterre, mais pendant l'ouverture, quand le rideau s'ouvre, elle s'abaisse. Apparaissent Orphée et le cœur, habillés eux aussi de costumes sombres et des chapeaux melon. Orphée, joué par AS von Otter a le crâne dégarni, quelques cheveux blancs, une bonne brioche, elle est méconnaissable. Sous leurs chapeaux, les chœurs sont complètement chauves, quant à l'Amour il est momifié! Une mise en scène décidément très culottée, mélant hommes et femmes, danseurs et non danseurs. 

Orph--e-orchestre.JPG


Lorsqu'Orphée descend aux enfers, il séduit par sa musique le chœur infernal à moitié dénudé: certains en pantalon, d'autres en chemises, d'autres portant seulement une cravatte, avec ou sans chapeau, aux corps déformés: bras immense, gros ventre, jambes tordues etc.

Les Ombres, composées d'hommes et femmes en tutus romantiques (= longs), entâment un ballet. Le public rit de voir les hommes non danseurs si peu gracieux! Le mélange des genres est détonnant! Eurydice, jouée par Marie Arnet parait enfin, toute de blanc vêtue, avec une longue chevelure blanche. 

Orphée la ramène vers la terre mais son indifférence attriste Eurydice (suite au pacte avec Hadès le dieu des Enfers, si Orphée la regarde, elle meurt). La metteur en scène, Marie-Louise Ekman, nous montre Orphée assis dans un canapé lisant son journal pendant qu'Eurydice (très réaliste!), sa femme, le supplie de la regarder, de lui expliquer d'où vient son indifférence. Orphée finit par succomber et Eurydice meurt dans ses bras…

Devant le chagrin d'Orphée, qui pense à se suicider, l'Amour lui rend Eurydice... 

Orph--e-AS1.JPG


L'excellente performance de cette véritable star du lyrique qu'est Anne Sofie von Otter, la mise en scène ainsi que le niveau de tous les artistes furent salués par presque 15 minutes de standing ovation. Le public français aurait peut être hué l'audace de la metteur en scène (assez courant lors des premières), à Stockholm la reconnaissance du travail d'interprétation et de réflexion a été sans réserve.
         

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M
Spectacle magnifique.Superbe "vision" des Enfers.J'ai ri et j'ai été bouleversée par l'interprétation du désespoir d'Orphée par Anne Sofie von Otter.
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